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mardi 6 août 2019

Un journal, surtout un journal, et dès l'école !

L'école enseigne à avoir un cahier de brouillon et un cahier de propre, comme on disait, et cela est bon, d'un certain point de vue, parce que cela habitue à écrire.
Cela dit, la vie est trop courte pour mettre les brouillons au net, de sorte que nous pouvons avoir une ambition supérieure : faire propre aussi vite que possible, de sorte que nous n'aurions qu'un seul cahier.
Puis le collège et le lycée habituent les élèves à avoir un cahier par matière. Cela n'est pas critiquable, en soi... mais ça conduit à ne plus avoir de "cahier" général... alors que les marins ont un journal de bord, les scientifiques un cahier de laboratoire, etc.

Bref, dans les méthodes d'instruction que l’Éducation nationale pourrait utilement donner, il y a la consigne de tenir un journal, d'avoir un cahier sur lequel on marque ce que l'on fait.

Si le mot "cahier" désigne l'objet,  le mot "journal" est plus intéressant puisqu'il indique que c'est un cahier que l'on tient chaque jour.
Il y a aussi le mot "éphéméride" qui pourrait correspondre et en anglais, il y a le diary tel que le tenait le chimiste Michael Faraday et qui correspondait en réalité à un cahier de laboratoire.
Faraday avait perdu son père très jeune et il était d'une famille extrêmement pauvre. Il fut intellectuellement sauvé par les conseils donnés dans un livre intitulé L'amélioration de l'esprit, du prêtre anglais Isaac Watts. Parmi les six conseils que Faraday retint de cet ouvrage, il y avait  celui de toujours avoir avec soi un cahier pour noter ses idées.
Il y a lieu de commenter cela. Le premier commentaire concerne les "idées" : pourquoi seulement les idées ? Si l'on pense sans cesse sécurité, qualité, traçabilité, alors il y a lieu de noter bien plus que des idées et, par exemple des informations que l'on n'ira pas rechercher une deuxième fois.
D'autre part, à propos de noter, on est passé à l'ère du numérique, et le cahier papier aura sans doute été remplacé par un fichier... tandis que  la notation par écrit, à l'aide d'un crayon ou d'un stylo, aura peut-être été une dictée qu'un logiciel aura fixée par écrit.

En tout état de cause, il faut discuter les vertus de cette méthode et notamment le fait qu'écrire des idées, les informations etc. apprend à écrire. Et, si l'on fait cela de façon non négligente, alors on peut même perfectionner son orthographe, sa grammaire, mais, surtout, si l'on considère les mots un à un, alors on peut apprendre à penser.
Et nous rejoignons là un autre conseil d'Isaac Watts,  à savoir d'entretenir une correspondance. Car ce journal  que l'on tient, n'est-ce pas une correspondance avec soi-même ?
Faraday n'est d'ailleurs pas le seul dont on puisse avoir envie de suivre les traces, et nombres de grands scientifiques du passé ont insisté sur la nécessité de parler et d'écrire précisément. Un mot posé sur une feuille n'est pas une feuille d'arbre emportée par le vent,  mais au contraire cela doit être le fruit d'une longue décision bien mûrie. D'ailleurs, on pourrait parfaitement considérer que la tenue de ce journal, le soir, correspond à ces exercices spirituels qui sont proposés par les philosophes au moins depuis Platon et son académie.
Et puisque nous discutons Platon, évoquons Aristote pour qui l'écriture était la mort de la pensée. Avec les logiciels de dictée, la pensée reprend ses droits, et nos amis sont libérés de la question de la grammaire et de l'orthographe... Mais quand même, la question n'est pas d'aller vite, et la rumination des idées, leur polissage, produit mieux que de simples mots écrits sur une feuille ou sur un écran. La question est moins le support que les idées véhiculées par la langue, n'est-ce pas ? 

vendredi 5 juillet 2019

Un cahier ? Non, un journal


Depuis des années, nous disions au laboratoire que chacun devait avoir un cahier, c'est-à-dire un fichier sur lequel nous notons l'ensemble des informations obtenues pendant la journée, en vrac, afin, le soir venu, de faire de l'ordre et de stocker ces informations dans les endroits appropriés, de faire des synthèses, de lancer des travaux qui auraient été imaginés, etc.

Toutefois je comprends aujourd'hui que ce terme de cahier est inapproprié, car un cahier, c'est une feuille pliée... ce qui ne correspond pas à nos fichiers.

Il faut donc s'interroger sur le nom que nous devons donner à ces objets. Bien sûr il y a les cahiers de laboratoire, mais ces derniers sont bien des feuilles pliées. Il y aurait en outre une confusion.
Si nous regardons un peu plus loin que le petit horizon de notre laboratoire, nous voyons des géants de la science tels que Michael Faraday, qui avait un diary,  mot anglais où l'on retrouve l'évocation de l'inscription quotidienne...et cela doit nous mettre sur la piste de la nouvelle dénomination de "journal". D'ailleurs, les marins parlent bien d'un journal de bord pour consigner "au fil de l'eau".
Mais il y aurait aussi la possibilité d'avoir des "éphémérides" ? La décision se prend évidemment sur l'étymologie. Le sens premier indique des événements relatés au jour le jour, mais le mot vient de "tables astronomiques", ce qui n'est  pas le cas pour nous.

S'impose donc finalement le mot "Journal", de sorte que j'ai immédiatement renommé ainsi mes fichiers

mardi 4 juillet 2017

Conseil à mes jeunes amis : deux fichiers


J'ai hésité à parler de "bonnes pratiques", pour ce billet, mais le fait est que les bons étudiants sont ceux qui savent s'organiser, et qui, en conséquence 
 - n'oublient pas ce qu'ils ont à faire
- prennent des notes, en vue d'explorations ultérieures, de valorisations, d'approfondissements...
Comment s'organiser, pour ne rien oublier ? Evidemment, prendre des notes : cela peut se faire en dictant ou en écrivant, et le support est évidemment ceux qui sera le plus efficace : un fichier nommé "à faire" dans un ordinateur que l'on a avec soi, des notes sur OneNote ou un logiciel libre équivalent sur une tablette, des mémos sur un téléphone... Dicter, ou écrire ? Dicter a l'inconvénient que l'on perturbe le dialogue, alors que l'on peut écrire pendant que l'on écoute. Ecrire en dactylographiant ou en écrivant ? A ce jour, les stylets électroniques permettent de noter sur de petits écrans tactiles, ce qui prend moins de place qu'un clavier... quoi que je connaisse des claviers repliables, gros comme une carte de crédit quand ils sont repliés.
Mais ce n'est pas à moi de décider : seul le résultat compte. La seule chose que je sache de façon sûre : c'est qu'aucun étudiant n'a réussi à se souvenir de tout ce que je l'invitais à faire quand il ne notait pas. Mieux encore, ce sont les moins "avancés" (on voit que je manie la litote) qui résistaient le plus à l'idée de bien noter.

Le cahier, d'autre part, se distingue un peu du fichier où l'on note, parce que la fonction n'est pas la même. Pour le "à faire", il s'agit de s'inviter personnellement à faire des actes dans un délai assez court. Pour le cahier, il s'agit de poser les notes, mais aussi le résultat des travaux effectués ensuite, notamment des "soliloques" (voir ce concept) que l'on aura fait, si possible de façon structurée.
Là, il y a évidemment le choix entre un cahier informatique (un ordinateur, une tablette) ou un cahier en papier... mais on verra dans un autre billet que, au 21e siècle, le papier doit disparaître, parce qu'il engendre des pollutions excessives, sans compte que c'est une mauvaise réponse, une réponse périmée, à un besoin, qui est celui de prendre des notes. De surcroît, le papier ne permet pas de se corriger facilement, et, à ce propos, à l'attention des historiens nostalgiques qui voudraient que nous conservions toutes nos hésitations (si nous nous appelons Gauss ou Flaubert), je rappelle que les brouillons ont été jetés, d'une part, et, d'autre part, je tiens à faire part de mon émerveillement quand j'ai eu ma première machine à écrire qui permettait de corriger les quatre ou cinq dernières lettres tapées, au lieu d'avoir des feuilles si raturées qu'elles en devenaient illisibles, sans compte le "blanc" dont on chargeait les feuilles, et dont on se souillait ! Décidément, je ne suis pas de ces nostalgiques qui regrettent la peau de bête que l'on devait racler avant d'écrire !