samedi 6 février 2010

La "formation par la recherche"?

Je commence à avoir l'habitude de ne pas être politiquement correct, mais si je supporte ainsi les critiques, c'est parce que j'ai un objectif supérieur : le bien des étudiants!

Et puis, le dogme est quelque chose d'assez ennuyeux, et stérile, une façon paresseuse de ne pas penser, non?

Dans nos cercles universitaires, il y a ainsi l'expression "sauver la recherche" : je me suis exprimé précédemment sur la différence entre "recherche" et "recherche scientifique", ou encore "recherche technologique". Sauver la recherche : laquelle? La recherche artistique? La recherche technologique?

La recherche artistique ne relevant pas du champ de la science, je crois qu'il faut laisser aux artistes le soin de s'en préoccuper. Pour nos champs "scientifiques", la seule qui nous concerne est la recherche... scientifique : normal, non?

La recherche technologique? Puisque la technologie est (relisons le mot, cherchons son étymologie, au lieu de projeter nos acceptions très idiosyncratiques) le perfectionnement de la technique, laissons à l'industrie le soin de faire son travail, et consacrons-nous, dans les laboratoires scientifiques, à produire des connaissances qui seront utiles pour l'innovation technologique, le transfert technologique. Sans ces connaissances nouvelles, les ingénieurs ne pourront transférer que de vieilles choses, et leur sacro-sainte innovation sera très périmée.

Donc la recherche? Non, la science. Abandonnons le mot "recherche", qui est un fourre-tout confus, et parlons de science.

Faut-il "sauver la science"? Aux échecs, la défense sait bien qu'elle est désavantagée. Donc ne sauvons pas la science, mais développons la très positivement, en n'oubliant pas de penser que c'est la production scientifique qui fera l'innovation, laquelle devra être, ensuite, le travail de l'industrie, des ingénieurs.

Alors, la "formation par la recherche", dans ce contexte? Veut-on dire "formation par la science"? Pourquoi pas, mais qui pourra démontrer que la formation par la science est une bonne formation pour des élèves ingénieurs? Pourquoi l'entraînement à la recherche des mécanismes des phénomènes (la science expérimentale) serait-il utile à l'exercice du métier d'ingénieur?
Après tout, l'ingénieur doit savoir chercher des connaissances, et les transférer. Je ne vois pas que, dans ces tâches, la pratique scientifique intervienne.

A ce stade, j'ai bien peur d'être gravement dans l'erreur. Qui aura la gentillesse de réfuter l'argumentation précédente?

2 commentaires:

  1. La science expérimentale n'est-elle pas souvent qu'un premier pas, une tentative, d'élucider un phénomène, non dans le but d'y trouver une application directe et immédiate, mais dans le simple but comprendre ? Dans ce cas, la formation par la science (expérimentale) ne semble pas une chose nécessaire pour une formation d'ingénieur.
    Mais, cet apprentissage peut sans doute révéler des qualités comme la créativité, la réactivité, la sérendipité, la curiosité... Qualités qui vont de paire avec un bon ingénieur, non ?

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  2. Oui, la science veut comprendre, et ce serait absurde de refuser aux ingénieurs ou futurs ingénieurs de vouloir également comprendre.
    D'ailleurs, plutôt que de regrouper scientifiques et technologues (ingénieurs) sous le nom de scientifiques, ne pourrions-nous le faire sous le nom d'investigateur rationnels? Ou autre chose de mieux trouvé?
    Cela étant, ce que j'écrivais, ce n'est pas tellement que je pense que la science est une mauvaise formation pour les ingénieurs, mais, surtout, que je ne vois pas pourquoi ce serait la meilleure!
    Comment améliorer la chose?

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